MUSEE ALAIN LABORDE – Musée d’Art Contemporain

Communiqué du Musée

15 Mai 2022,

Nouveaux dons d’Alain Laborde au Musée Alain Laborde…

Chers Visiteurs, Chers Amis,

En cette année 2022, suite à la Nuit Européenne des Musées, nous nous réjouissons de vous dévoiler et révéler les nouveaux dons de l’artiste Alain Laborde rejoignant la collection et l’exposition Star Démiurge de l’Art Contemporain mise en scène au Musée Alain Laborde où ceux-ci scintillent et seront éclairés en permanence sous les feux des projecteurs, 8 chefs-d’œuvre :

La Mort de la Peinture, 1990-1991, totem, bois, plexiglass, accumulation de milliers de pinceaux et de tubes de couleurs.

La Mort de la Peinture émane sublimement en un siècle où la peinture, autrefois reine célébrée, se voit désormais détrônée, discutée, boudée voir excommuniée, répugnée et maudite. Temps où celle-ci cesserait presque de dégouliner au vent, de rayonner aux vitrines, de colorer la mode et la presse glacée, chronique funèbre augurant d’une mort proclamée. Aussi, après une apothéose, une chute cruelle, une lente agonie, la voici enterrée. Cette dernière s’estompe, s’efface et se consume douloureusement vers le cénotaphe. Alors, surgit et se dresse des entrailles et des profondeurs de la terre ainsi qu’un phare gigantesque resplendissant, un monument, un mausolée éblouissant. Une stèle grandiose, vertigineuse, s’élève et s’ascensionne vers les nuages du ciel, de pinceaux en pinceaux, d’escalades en escalades, gravissant les sommets et les lois de la gravitation. Un sarcophage vertical s’érige, cimetière où reposent pour l’éternité les outils et les matériaux sacrés du Créateur-Peintre, les milliers de pinceaux et de tubes de couleurs, relégués dans les placards de l’oubli, amoncelés puis momifiés et immortalisés dans la colle, dans la lignée audacieuse d’Arman. Ainsi, l’armée céleste de la peinture se défend-t-elle de ses détracteurs. Et de tous les feux de sa palette, elle brille d’une explosive, colorée, infinie et indicible féérie. Alors, tel un antidote conjurant le mauvais sort, de ses indénombrables fantômes en majesté, celle-ci ressuscite victorieusement et magiquement.   

La Porte de Bill Gates, 2008, sculpture, bois, pièce capitonnée, laitons, accumulation de 5768 pièces de monnaies.

La Porte de Bill Gates est édifiée l’année 2008, lors de la crise financière historique. Le Créateur inaugure alors avec celle-ci un questionnement sur la place prépondérante de l’argent dans nos sociétés contemporaines et il dénonce les dérives de la mondialisation financière qui nous gouverne. Aussi, tisse-t-il une œuvre en lien avec l’histoire du monde contemporain, de l’économie, monétaire, bancaire, financière ainsi que de la sociologie. Alors, choisit-il de se distraire avec Bill Gates, une cible iconique. Jouant sur les mots Gates, Gate et Porte, le milliardaire ainsi que Marcel Duchamp lui soufflent l’idée de cette œuvre prodigieuse et sublimissime. En effet, dans la filiation de l’œuvre dada et conceptuelle de Marcel Duchamp, « l’arcature » d’Alain Laborde rayonne d’une aura détournée. La façade principale de celle-ci est criblée et s’enrichit d’un trésor fructueux de centaines de pièces de monnaies qui s’incrustent de manière contiguë. Ces dernières paradent et affichent leurs richesses, en une percée devenue somptueuse et fastueuse ainsi qu’ostentatoire, trahissant l’empire financier souverain. Les pièces de monnaies incarnent alors la palette révolutionnaire de l’artiste, elles se substituent aux pigments du peintre et viennent refléter leurs miroitements argentés et dorés.  Monnaies luisantes, scintillantes, la porte est illuminée d’un éclat surnaturel, en un jeu divin de transcendance et de sublimation. Tandis qu’au revers de cette dernière, s’impose une façade obstruée et capitonnée de cuir vert, aussi luxueuse. Les poignées et la serrure, imposantes et dorées, verrouillent et déverrouillent la porte ainsi qu’un coffre-fort. Celle-ci, ni fermée, ni ouverte, entrebâillée, démasque l’échappatoire victorieuse de Bill. Et elle voile peut-être aussi une métamorphose possible, la fin d’un monde désenchanté s’entrouvre vers un nouveau monde, auréolé de valeurs plus précieuses qu’un jeu de billes. Et la féerie colore cette œuvre où Alain Laborde, Démiurge, rejoint les rares Créateurs au beau milieu de la foule de la médiocrité.   

La Table de la Loi, 2008, sculpture, résine, accumulation de 5819 pièces de monnaies.

La Table de la Loi, érigée en 2008, est une œuvre divine ainsi qu’une épiphanie. Sous le souffle une nouvelle fois, divin, libre et subversif de l’inspiration, l’artiste s’exécute et imagine cette impressionnante table de la loi. Il nous convie en une table blasphématrice, bafouant les commandements, révélations de Dieu pour les révélations de l’artiste, incarnant à la fois Dieu et Moise. Alain Laborde nous invite à nous rapprocher de la nouvelle déité contemporaine Dieu Argent et à communier avec elle sans retenue. Et il nous convie au royaume des cieux de la richesse et du luxe inassouvis. Bienheureux les riches et les coffres fort pleins. Sur une table faussement de pierre qui n’est qu’une illusion, l’artiste y grave les inscriptions digitales qui lui sont murmurées : WWW DIEU MONEY COM, WWW. DIEU MONT-SINAI . COM. Sur la stèle, la soif d’argent est étanchée par les pièces de monnaies qui viennent s’agglutiner et abreuver les pèlerins touchés des rayons non pas de la grâce mais des reflets dorés et argentés des métaux circulaires. Et la vertu se métamorphose en vice, le Créateur célèbre non pas l’aumône, la charité, la solidarité mais la possession, le désir, l’avidité, la convoitise. Et tu aimeras l’argent de toute ton âme et de tout ton cœur, semble chanter Alain Laborde et en fredonnant ce refrain, les clefs du royaume du Paradis fiscal s’entrouvrirons. Cependant, que l’artiste réveille Michel-Ange et son œuvre de la chapelle sixtine, en un éclair génial italien. Et le miracle scintille au Musée Alain Laborde qui s’impose en pèlerinage aux côtés d’Israël, de Jérusalem, de l’Italie et de Rome.

Trillo ou Comment faire du Blé ? 2008, sculpture, instrument agricole du 19e siècle, bois, accumulation de silex et de 1048 pièces de monnaies.

Trillo germe en 2008. Aussi, l’Artiste poursuit subtilement et malicieusement sa réflexion sur la place de l’argent. Ici, il détourne un instrument agricole du 19e siècle servant pour le blé, il s’amuse et joue ainsi avec le titre, la culture du blé ainsi que la présence des silex. Sur la partie inférieure de l’outil, planche à dépiquer, panneau de bois rectangulaire, le cultivateur parsème autant de pièces de monnaies que les silex. Ainsi, aux côtés des morceaux de cailloux historiques, les monnaies contemporaines viennent entailler et recouvrir en saillie le dispositif. Et le monde actuel de la finance surgit et se développe au détriment de celui préhistorique, du Néolithique, de l’âge de pierre, de l’agriculture et de la paysannerie. Et les chasseurs-cueilleurs, les fermiers et les meuniers se confrontent à la poussée des banquiers, des financiers et des traders, parasites agresseurs du capitalisme. Et la culture massive et la récolte intensive de « l’oseille », nouvelle subsistance, se substitue à la nourriture terrestre céréalière du blé de l’économie agricole, en un champ argenté du libéralisme.  

-Le Grand Poisson d’Argent, 2011, sculpture, résine, acier, rostre de gavial, accumulation de 12326 pièces de monnaies.

Le Grand Poisson d’Argent se distingue de ses glorieux compagnons marins : il est le premier qui inaugure cette série aquatique. Ainsi que ses joyeux compères, ses écailles se métamorphosent et s’émaillent d’une multitude de pièces de monnaies pêchées dans tous les continents et qui renvoient toutes leurs flamboiements. Et il arbore ses pièces ainsi qu’une carapace argentée flamboyante et avec celle-ci il se glousse du Dieu argent. Et il nage dans le bonheur au Musée Alain Laborde.

Le Poisson-Poubelle, 2012, sculpture, résine, acier, mazout et détritus rejetés par la mer, accumulation de pièces de monnaies.

Le Poisson-Poubelle éclot en 2012. L’artiste nous expose le cadavre d’un poisson échoué piteusement sur la plage. La chair se consumant, son squelette nous apparaît et nous hante. Avec son abdomen éventré, nous contemplons une kyrielle de déchets et de détritus amoncelés, rejetés par la mer, collectés par l’artiste puis ingurgités par le poisson : chaussures en plastique, bidons de produits chimiques, cordes, ficelles, briquets… Alors le hublot renvoie ici à un portrait de notre société contemporaine, un miroir de nous-mêmes, notre propre visage, horrifiant, sans maquillage, dans la filiation des poubelles d’Arman. Aussi, nous invite-t-il à prendre conscience de l’avenir aussi dévastateur que nous offrons aux poissons d’abord puis à nous-mêmes ensuite.    

La Raie Amoureuse, 2014, sculpture, résine, acier, rostre de poisson-scie, accumulation de pièces de monnaies.

La Raie Amoureuse est une invention délicieusement délirante de 2014. Ici, l’artiste donne corps à un rêve, une vision fantasmée, irréelle, la passion d’une raie mariée à un poisson-scie et son rostre pointu corseté d’une partie épineuse ainsi qu’un sapin, en une raie piquante et mordante. Et celle-ci termine en apothéose son manège fantaisiste en un tourbillon enchanté. Cette dernière exhibe une forme circulaire, émaillée d’une dentelle d’ornements, d’une broderie de bijoux dorés, voluptueuse, un cœur qui peut aussi voiler des fesses, entre platonisme et érotisme. La raie est amoureuse et nous sommes nous-mêmes, regardeurs, spectateurs, voyeurs, follement amoureux de celle-ci.

Le Poisson aux Miroirs, 2011-2014, sculpture, résine, acier, accumulation de miroirs.

Le Poisson aux Miroirs émerge et s’invite parmi les plus petits poissons. Il s’illumine et rayonne grâce à ses écailles éblouissantes incarnées et métamorphosées cette fois-ci en un jeu divin, irrésistible et magnétique de miroirs, de brillance et de reflets. Et il nage sublimement et joyeusement aux côtés de ses géants compagnons dans l’aquarium du Musée Alain Laborde.

Dès lors, nous vous invitons à venir les célébrer, les acclamer, les applaudir.

Marie-Ange Namy

Fondatrice-Directrice scientifique Musée Alain Laborde.

Copyright ©texte Marie-Ange Namy 2022

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