Discours Inauguration Célébration Musée Alain Laborde

Chers Visiteurs, Chers Amis,

D’hier, de maintenant, de demain et pour toujours,

En cette nuit du Samedi 3 Juillet 2021, tellement attendue, lors de cet évènement national de La Nuit des Musées organisé avec le Ministère de la Culture, au Château de Montricoux, au cœur du village templier de Montricoux, aux portes des Gorges de l’Aveyron, dans le département du Tarn-et-Garonne fondé par Napoléon et de la région Occitanie, nous voici réunis autour de l’Artiste Alain Laborde et Albertine Laferriere, veillés dans les étoiles par Claude Namy, Président-Fondateur du Musée Château de Marcel-Lenoir, en un moment solennel, privilégié, historique, grandiose, afin de célébrer et fêter ensemble la création du Musée Alain Laborde grâce à la Donation extraordinaire d’Alain Laborde en 2020 de 150 œuvres magistrales, qui apparaît tel un miracle, en souvenir reconnaissant de son ami Claude Namy.

Ce Musée et cette Donation sont les fruits d’une grande amitié, d’un coup de foudre ! Aussi, cette création du Musée Alain Laborde, Musée d’Art Contemporain, s’est imposée à nous, naturellement, telle une force tellurique.

Tout a débuté il y a quelques années, au début des années 1970, en une contrée exotique, en Guyane, près de Cayenne, de la forêt amazonienne, lors d’un séjour…

Le jour où Claude Namy rencontre le jeune Alain Laborde, l’Artiste, le Maître faisant déjà une entrée tonitruante dans l’Histoire de l’Art et plus particulièrement celle de l’Art Contemporain… Il débutait alors par une veine figurative, expressionniste… Impressionnante… Un tempérament hors-norme était né… Envoûté par la mer des Caraïbes, ce chant de l’infini, le chant des sirènes…

Le jour où Alain Laborde rencontre le jeune Claude Namy, alors musicien, clarinettiste de jazz, ancien membre fondateur d’une boîte de jazz à Paris au cœur de Saint-Germain-des-Prés, scientifique, Marin, Capitaine au long cours, alors qu’il exerce avec panache ses nouvelles fonctions de Directeur du Port de Kourou en Guyane, Ingénieur pionnier au centre national d’études spatiales guyanais, Chef des pièces de fusées, lors des premiers essais de lancements de la Fusée Ariane, ivre de l’Histoire de l’Art, des Maîtres Anciens, Modernes et Contemporains grâce à Alain Laborde…

Là-bas, Guyane, Caraïbes, Antilles, Martinique, deux amoureux de l’Humain, deux ovnis ensemble, deux hors concours, hors cadres, explorateurs, comme Paul Gauguin, jadis, sous les cocotiers, ivres sous les punchs, aux bruits mélodieux d’une clarinette, aux sons du jazz, une amitié indéfectible s’est ainsi tissée, nouée, selon un nœud marin, indéfectible, inébranlable, pour survivre aux siècles, à la géographie, aux tempêtes, à la Vie, à la Mort…

Aussi, Claude Namy subit un deuxième coup de foudre, Marcel-Lenoir, à la Galerie Marcel-Lenoir, fondée par la veuve de l’Artiste, à Paris, au cœur de Saint-Germain-des-Prés et en 1974 devient Marchand, Directeur de la Galerie Marcel-Lenoir où il présente Marcel-Lenoir et l’Art Contemporain, entouré de notre si cher critique d’art Louis Defianas, amoureux lui aussi d’Alain Laborde. Il débute en fanfare avec Alain Laborde, nous sommes en 1977 et les drapeaux d’Alain Laborde qui flottent aux cimaises de la Galerie, au premier, puis les poésies abstraites des Antilles au sous-sol, font sensation ! La célèbre critique d’art Janine Warnod s’écrit alors dans le journal Le Figaro à la rubrique Accrochages, un article intitulé : « Alain Laborde », « La galerie Marcel-Lenoir, 8 bis, rue Jacques-Callot, qui présentait des œuvres très classiques, a rajeunie ses cimaises. Elle veut exposer des jeunes artistes dans le vent. Son nouveau directeur, M. Namy, ancien capitaine au long cours, a renoncé au voyage pour ce marché de l’art. Au cours d’un séjour à Kourou, près de Cayenne, il a découvert la peinture d’Alain Laborde et il lui ouvre aujourd’hui sa galerie pour une première exposition parisienne. Après Cayenne, le peintre s’était rendu aux Antilles et en Amérique, où il s’était lié avec Rothko, puis avec Jasper Jones, qui l’initia au Pop’Art. Ainsi nous retrouvons dans les « drapeaux » de Laborde, tissus aux couleurs violentes collés sur la toile, l’esprit de la peinture américaine des années 60. Depuis, Laborde s’est apaisé, sa peinture zen évoque le cosmos, l’immensité, un univers de rêve ».

Alain Laborde, Claude Namy te couronnera de trois expositions mémorables, inoubliables, gravées dans le cœur, en 1977, 1982 et 1986.

Entre temps, l’Amour de Marcel-Lenoir conduit Claude Namy au Château de Montricoux, acquis par ce dernier en 1979 et en 1983 éclot le Musée Château de Marcel-Lenoir, joyau patrimonial, musée pluridisciplinaire, riche de quatre identités respectives, Musée de la Chapelle Templière, Musée du Château Néo-classique, château 18e des Lumières, d’esthétique italienne, dont la décoration fut diligentée par le père de l’artiste Ingres, Jean-Marie-Joseph Ingres et ses statues de la mythologie gréco-romaine, Héra ou Junon et son paon, la Reine des Dieux, Zeus ou Jupiter et le tonnerre, le Roi de Dieux, Athéna ou Minerve et sa chouette, Déesse des Artistes, Héraclès ou Hercule et son lion, aux exploits légendaires…, Musée Marcel-Lenoir, Musée d’Art Moderne…

Et désormais, Musée Alain Laborde, Musée d’Art Contemporain… … Dans les espaces voutés et carrés des Écuries du 18ième siècle, anciennement écuries qui abritaient des chevaux et qui désormais accueillent le bestiaire fantasmagorique d’Alain Laborde…

Alain Laborde tu as écris un jour en 1979, lors d ‘une interview : « Ce que je cherche à atteindre c’est à faire des toiles qui suscitent le rêve, excitent l’imagination, des sortes d’auberges espagnols où l’on trouve ce qu’on y apporte ».

Cher Alain, Hier, Marcel-Lenoir, du Symbolisme, de l’Art Nouveau, du Fauvisme, du Cubisme, de l’Abstraction à l’Art Décoratif… Marcel-Lenoir et son ami Pablo Picasso révolutionnaient l’Histoire de l’Art… Puis, quelques années plus tard, dans les années 1960, autour du Critique d’Art Pierre Restany, ce fut le jeu des Nouveaux Réalistes avec Yves Klein et ses camarades qui creusaient encore un peu plus les sentiers de l’Art…

Cher Alain, toi aussi, tu fais partie des grands aventuriers, des grands explorateurs de l’Art… Toi aussi, tu brandis le drapeau de la Liberté, de l’Audace et tu sonnes les cloches de la Révolution !

Tu empreintes d’abord les sentiers d’une période expressionniste ! Tu incarnes une figure originale du Pop Art puis de l’Abstraction où tu rivalises en chants symphoniques avec Rothko !  Puis, tu continues de coudre et d’en découdre avec l’Histoire de l’Art, avec les Maîtres, avec toi-même, avec la toile !  Et tu entretiens des liens avec l’esprit des Nouveaux Réalistes.  Hier, Niki de Saint Phalle tirait à la carabine, toi, suite à Lucio Fontana, tu œuvres à l’arme blanche et tu découpes et éventres la toile.  Tu tisses une œuvre arachnéenne. Tu es Maître de l’Assemblage ! Tu réunis, tu maris l’incongru, l’inédit, en un accouplement, une parade amoureuse. Mais tu es fidèle à la Peinture ! Tu crucifies l’Art, tu l’offres sur un autel ! Celui de la messe de l’art que tu célèbres.. de l’Art que tu honores ! Puis, tu accouches de tes propres divinités… Le Peintre Démiurge…. Danse avec la Nuit…. La Reine de la Nuit… Tu annonces la mort de l’Art, de la peinture et dans la lignée d’Arman, tu ligotes tubes de couleurs et pinceaux dans ton Totem d’Artiste… Puis tu t’empares d’une coquille Saint Jacques et tu inventes tes voyages fantasmatiques où tu nous embarques, encore et encore… Puis, homme de Cro Magnon, tu maîtrises l’Art Pariétal et tu ressuscites l’art des cavernes, jusqu’ici dans cette grotte contemporaine qu’incarne le Musée Alain Laborde avec Écritures et Civilisations… Tu réinventes un monde, ton monde, d’érudition, surréaliste, fantastique… Et tu nous emportes en un voyage initiatique… mythique… de la salle voûtée qui rappelle celle de la Galerie Marcel-Lenoir jusqu’à cette salle carrée avec ton âme de bâtisseur, tes œuvres monumentales, en apothéose !

Cher Alain, tu as crée une œuvre mythique, tu es un Démiurge et tu rejoins le Panthéon des illustres Maîtres, tes camardes, les Géants de l’Art Contemporain, tu joues avec eux dans la même cour et tu rivalises de beauté.

A propos de l’écriture de l’Histoire de l’Art, René Huyghe parlait dans L’art et le monde moderne, de la nécessité d’une l’Histoire de l’Art totale ou bien sinon mensongère par omissions. Aussi, Cher Alain, Chers Tous, l’Histoire de l’Art Contemporain doit s’écrire avec toi, tes œuvres importantes, majeures, décisoires, ou pas, pas du tout.

Cher Alain, tu bouleverses nos vies respectives… Tu crées de grands battements dans nos cœurs, de grandes vagues… Et tu réinventes nos vies ainsi que celle du Musée Château de Marcel-Lenoir où nous écrivons ensemble une nouvelle page, un nouveau roman, une épopée fabuleuse, le Musée Alain Laborde, Musée d’Art Contemporain, illuminé par tes œuvres, augustes, magistrales, scintillantes, magiques. Ainsi, le Musée Alain Laborde devra compter dans l’Histoire feutré des musées d’exceptions.

Alain, tu nous as confié tes œuvres, tes enfants et nous en serons les conservateurs, les gardiens, nous veillerons sur elles, les présenterons, les valoriserons…

Elles vont converser entre elles avec cette exposition rétrospective, avec le château et ces pièces, en une alchimie, selon leur destin…

Nous sommes dans un musée champêtre, bucolique et lors d’une précédente Nuit des Musées, alors que nous conversions avec des visiteurs devant une œuvre de Marcel-Lenoir qui traitait comme toi de la communion de l’Homme avec la Nature et le Cosmos, un crapaud décida de chanter… Quand vient les beaux jours, ce sont les cigales… Les lézards, quelques serpents font leurs danses serpentines… La nuit, les lucioles éclairent le parc tandis qu’une chouette pousse ses hululements… Tous ces hôtes du Musée Château de Marcel-Lenoir vont venir au Musée Alain Laborde s’agenouiller devant tes œuvres à la rencontre de ton bestiaire, tes oiseaux, tes poissons, tes chevaux, tes lézards, tes crocodiles, tes bisons, tes cerfs… Et au beau milieu de ce théâtre indicible, féerique, magique, puissent les visiteurs de demain, du monde, français, étrangers, s’émouvoir à leur tour, questionner, aimer tes œuvres et être scruter par celles-ci…

Entouré de tous tes admirateurs, indénombrables ainsi que des êtres qui sont avec nous par la pensée et le cœur pour fêter le Musée Alain Laborde et la Donation Alain Laborde…

Cher Alain, Chère Albertine, recevez notre gratitude éternelle et notre amour infini…

Et nous déclarons solennellement ouvert le Musée Alain Laborde…!…

Marie-Ange Namy

Directrice scientifique du Musée Alain Laborde et universitaire.

Au Musée Alain Laborde, au Château de Marcel-Lenoir, Samedi 3 juillet 2021.

©Texte M-A. Namy 2021

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